samedi 25 mars 2017

Pourpre Sang


On est tous "éduqués à mort".

Polis, disciplinés, propres..., en un mot civilisés.



L'animalité, ça semble, irrémédiablement, éradiqué en nous.

Le progrès de la civilisation, ça semble consister à refouler, de plus en plus, l'"Horrible":

* tous les déchets: la pourriture, l'obscène, la mort, la charogne,
* tout ce qui fuit, ne se laisse pas encadrer dans une belle forme: le sang,
* tous les excréments: la sueur, la bave, la merde, tout ce qui pue, révulse.
* tous les grands tabous: le cannibalisme, l'inceste.


C'est le triomphe de l'hygiène ou plutôt de l'obsession de la propreté, physique et morale. Il faut, à tout prix, conjurer notre animalité. La forme achevée de cette obsession, c'est devenir vegan.


Moi-même, je suis complètement obsessionnelle, je voudrais être immatérielle. J'en suis malade si je me sens sale, si j'ai l'impression de puer, de transpirer, si je ne peux pas me laver. C'est pour ça que je déteste le camping, que je n'ai jamais pris le Transsibérien (une semaine sans se laver !), que j'ai horreur des salles de bains américaines (impossible de se laver le cul).

J'ai honte d'aller aux toilettes, je voudrais être affranchie de ça. Pourquoi a-t-on supprimé les bidets en France ? J'adorais ça.

J'ai des côtés musulmans (j'ai vécu en Iran), j'ai besoin de me laver, sans cesse, les fesses. Qu'on se contente de papier en Occident, je trouve ça dégoûtant !

L'horreur absolue, c'est les règles, c'est vraiment dégueulasse, je me sens humiliée.

Plein de choses me retournent le cœur: je voudrais ne plus chier, ne plus pisser, être ménopausée, ne plus sentir que Guerlain.


Mais j'ai, aussi, ma part d'ombre :

- je laisse toujours à mes amants, en souvenir, mes petites culottes (toujours très jolies) en espérant qu'ils les conserveront précieusement.

- les grosses brutes m'attirent, parfois, même si ça ne dure évidemment pas. En amour, le délicat, le raffiné, ça n'est pas suffisant. Le glauque, ça attire également et il y a, même, un plaisir à être bousculée, violentée! J'accepte de me faire massacrer en amour.

- j'aime profondément les animaux même si je n'en ai aucun. Ils me troublent avec cette interrogation: comment me voient-ils ?

- le sang me fascine (c'est pour ça que je suis une vampire). J'ai une aversion, bien sûr, pour les bouchers, charcutiers (des tueurs absolus). Mais je fréquente, régulièrement, les hôpitaux et même plus que ça. Le sang est à la fois porteur de vie et de mort (le SIDA, les Hépatites), il est lié à toutes nos terreurs..

- souvent, je porte une robe rouge (avec un manteau noir), c'est ma tenue préférée (tant pis pour le mauvais goût).

Quelquefois, souvent, je me sens animale et je m'abandonne à mes pulsions !
C'est dangereux pour moi, pour les autres !


Donner liberté à ses pulsions, embrasser sa part d'ombre pour mieux se connaître.

Pour pouvoir, ensuite, retrouver l'humanité en se reconstruisant.

Faire le choix de la déshumanisation. pour se retrouver.


Images de Bogdan Prystrom, jeune artiste polonais vivant à Olsztyn. Il commence à être célèbre.

Ce post m'a été inspiré, même s'il peut en sembler très éloigné, par le film remarquable, troublant : "Grave" de Julia Decourneau. Devenir cannibale pour se révéler. Bouleversant !

2 commentaires:

Unknown a dit…

Evidemment, si on lit ce billet au premier degré on peut être un peu éberlué.
Vous avouerais-je chère Carmilla que moi il m'a fait rire : tant de franchise et de spontanéité à dire des horreurs.
Mais si je suis franche moi aussi, je vous dirai que je pense tout à fait comme vous.
Je ne me sens jamais assez propre, et les fonctions dites naturelles me chiffonnent.

Et cette violence ou brusquerie consentie avec un homme, ne relève pas qu'un d'un fantasme, elle existe, même si je préfère qu'elle ne soit pas une habitude.
Et puis pourquoi redire tout ce que vous avez écrit, tout cela me réjouit beaucoup.
Comme toujours quand je vous lis.

Les illustrations de Bogdan Prystrom, que je connaissais, sont parfaites : il a un vrai talent et ce rouge, j'adore !

Carmilla Le Golem a dit…

Grand merci Ariane pour votre message et veuillez surtout excuser le retard avec le quel je vous réponds.

On me dit souvent, en effet, que je m'exprime, par écrit, de manière un peu surprenante, très directe. Ce n'est pas du tout le cas, c'est même presque le contraire, dans ma vie personnelle, professionnelle.

De ce caractère direct de mon écriture, je n'ai pas conscience (c'est peut-être culturel) mais j'essaie surtout, à vrai dire, de ne pas me censurer.

Bien à vous

Carmilla